mercredi 24 octobre 2012

samedi 15 septembre 2012

Parenthèse centrafricaine

Bye bye Bamako, bonjour Bangui!
Je boucle mes bagages et m'apprête à quitter le Mali pour quelques temps. Une mission de six mois m'attend en Centrafrique et je vais ainsi m'expatrier un peu plus à l'Est du continent!
La République Centrafricaine (RCA) est un pays de la taille de la France dont on parle peu. Même Internet ne nous offre que peu d'informations...et pour cause, le pays est écrasé entre les voisins turbulents que sont le Tchad, le Soudan du Sud, le Congo, voir le Cameroun!
En perspective: beaucoup de choses à apprendre, de personnes à rencontrer et d'histoires à entendre!


"Mali-berté" s'achève donc là, et ne reprendra qu'à mon retour à Bamako insh'allah!

mardi 11 septembre 2012

Les ONGs au Mali

Le Mali se classe malheureusement bas au classement des pays, fonction notamment du PIB/habitant avec la 173e place sur 178 (PNUD, données 2009).
Aussi le pays est le terrain de jeu de nombreuses ONGs, menant des projets variés sur l'ensemble du territoire.
Traditionnellement on divise les ONGs entre celles qui mènent des projets de développement, et celles qui interviennent dans l'urgence.
La première catégorie d'acteurs de la solidarité est partie lors du coup d'Etat. En effet il devient difficile de mettre en place des projets lorsque la sécurité des membres d'une structure n'est plus assurée et que le climat politique est plus qu'instable. A contrario, le changement brutal dans le paysage malien est devenue la raison d'implantation de plusieurs structures d'urgence.
Aussi nous avons pu assister à une vague de départ des travailleurs "développementalistes", suivie d'une arrivée en masse des acteurs de l'Urgence.
Mon quartier, Hippodrome 1, a pu voir ce changement de manière concrète, si j'ose dire. En quelques mois, nous avons vu "pousser" des pancartes aux noms bien connus des français: Solidarité International, Alima, ACTED...etc. Tous agissent dans l'urgence et participent à la distribution de biens de première nécessité aux maliens directement touchés par le conflit.


Leurs domaines d'action se situent principalement au Nord évidemment, mais aussi dans Bamako. ACTED (par exemple) soutient les familles qui hébergent leurs proches originaires des régions de Tombouctou sans avoir pour autant les ressources nécessaires.
"Depuis le début des conflits au Nord du Mali, près de 202,600 personnes ont fui leurs villages pour rejoindre les pays voisins (Burkina Faso, Mauritanie et Niger). On estime à 155,000 le nombre de personnes qui se sont déplacées à l’intérieur même du pays, notamment vers le Sud et la capitale, Bamako". Source Acted
Toutefois quelques acteurs du développement sont revenus dans le pays et tentent de faire subsister leurs projets, à l'instar des français du GERES. Ces derniers travaillent à la mise en place de filières locales et propres d'agrocarburants et au renforcement de service énergétiques pour le développement d'activités économique. Leur programmes sont évidemment ralentis par les évènements, mais ils tentent malgré tout de continuer.
Distribution de vivres à Bamako - Acted
Cet article n'est qu'une entrevue de la situation humanitaire du Mali, la réalité est évidemment bien plus complexe. Pour plus d'information, n'hésitez pas à vous rendre sur les sites internet officiels des ONGs présentes dans le pays.

lundi 3 septembre 2012

samedi 1 septembre 2012

Plantes traditionnelles - Usages & vertus

La médecine douce, dites traditionnelle, reste omniprésente au Mali.
 
Cela a évidemment ses avantages et ses inconvénients. En effet bien que convaincue des méfaits de la banalisation de la prise de médicaments ayant lieu en Europe, tout le monde ne peut pas s'improviser spécialiste en médecine douce.
 
Connaître les plantes et leurs éventuelles vertus s'apprend, et est le fruit d'un long apprentissage qu'il soit traditionnel ou académique. Il est inconscient de s'asseoir au bord de la rue et de proposer des produits, aussi naturels soient-ils, aux passants. La médecine est une science qui ne s'improvise pas.
 
L'Etat malien a saisi tous les enjeux liés à la maîtrise de la médecine traditionnelle et finance (plus ou moins largement) la recherche quant à la vérification par la science des savoirs traditionnels, notamment concernant le traitement du paludisme.
 
Ci-dessous un reportage réalisé par l'ORTM en 2009 sur la médecine traditionnelle au Mali. Intéressant, il permet de cerner le potentiel des plantes locales.
L'enjeu est grand, maîtriser ce domaine est un facteur d'indépendance vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique (vaste sujet qui sera sans doute le sujet d'un prochain article).
 
 

Cette parenthèse fermée, découvrons ensemble deux plantes traitant les petits problèmes de la vie courante...et à consommer sous forme de tisane.
  • Le kinkéliba
Le kinkéliba est un petit arbuste dont les feuilles séchées sont consommées en tisane. Réputé pour ses propriété diurétiques, dépuratives et digestives il est bu partout dans le Sahel. On lui prête également des vertus thérapeutique, et il est recommandé contre la toux et les fièvres.
  • L'oseille rouge de Guinée (ou encore hibiscus ou bissap)
Riche en vitamines C, on lui attribue des propriétés antioxidante, digestives et antiseptique. De couleur rouge vive et légèrement acidulé, il se consomme sous forme de jus ou de tisane...personnellement je suis une grande fan!

Oseille rouge
 

mardi 28 août 2012

Lutte contre l'excision

Depuis quelques semaines, l'association Sini Sanuman (Healthy Tomorrow) a lancé sa campagne "Stop Excision" et des affiches fleurissent dans la capitale.


Deux des affiches de la campagne malienne "Stop Excision"


Le Mali est un des pays africains où la pratique de l'excision à taux de prévalence très élevé, en effet plus de 90% des femmes âgées de 15-49 sont mutilées de la sorte. Le Mali se place ainsi sur le triste podium des pays qui pratiquent le plus les mutilations sexuelles sur le continent Africain.
Bien que les conséquences de l'excision pour la femme et l'enfant soient néfastes, voire mortelles, l'excision reste un sujet tabou dans au Mali. Elle fait partie des rites sociaux qui participent à la cohésion sociale. Ne pas faire exciser sa fille reste marginal.
 
La pratique de l'excision pourrait être comparée à celle de la circoncision, pourtant elle implique bien plus de risques. La circoncision n'est qu'une ablation superficielle de la peau, tandis que l'excision implique une amputation.
 
Au delà des traumatismes psychologiques, la femme subissant ce procédé risque des complications graves lors de l’accouchement et un taux de mortalité plus élevé pour leurs bébés. C'est en tout cas ce qu'a démontré une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publiée en 2006. Ce rapport souligne que le risque de césarienne est notamment 30% plus important pour les femmes excisées et le risque d'hémorragie lors de l'accouchement augmente même de 70% (!)
 
Les mutilations génitales font également courir des risques pour la santé de bébés. "La surmortalité des nouveaux-nés va croissant avec le degré de mutilation: elle est de 15% pour l'excision partielle, 32% pour l'excision du clitoris et 55% pour l'infibulation." Source OMS
 
L'OMS souligne par ailleurs que cette étude a été menée dans des hôpitaux mais que les conséquences sont évidemment bien pires pour les femmes qui accouchent chez elles.

 

Clic Clac [7]

Queen Speedy II

vendredi 17 août 2012

L'Aïd el Fitr au Mali

Demain ce sera l'Aïd el Fitr au Mali, soit la célébration de la fin du mois de Ramadan.

C'est l'effervescence dans la capitale et tout le monde s'affaire pour s'offrir de nouveaux vêtements, des condiments et autres cadeaux. Les boutiques ne désemplissent pas et l'on peut sentir un engouement comparable à celui des semaines précédents Noël en Europe.

Et pour cause: l'Aïd est l'une des fêtes les plus importantes du calendrier musulman et chaque famille veut célébrer l'évènement dignement. La tradition veut d'ailleurs qu'un animal soit sacrifié pour l'occasion.
C'est pourquoi en ce moment buffles et autres chèvres envahissent Bamako, difficile ces jours-ci de circuler en voiture sans s'arrêter pour laisser passer un troupeau! (cf.photo ci-dessous, prise aujourd'hui en voiture à l'arrachée)


Mais cette année - vous vous en doutez - n'est pas comme les autres.

La crise au Nord ainsi que la sécheresse ont rendu ces produits de consommation plus rares...par conséquent les prix sur les différents marchés ont explosé! Il faut compter pas moins de 150.000Fcfa (230€) pour un petit buffle, et les prix peuvent monter jusqu'à 400.000Fcfa (610€)  pour un boeuf de première qualité! Le salaire moyen d'un malien étant de 39.000Fcfa, inutile de souligner que ces prix sont prohibitifs et que les familles doivent faire de gros sacrifices pour pouvoir s'offrir un animal.

Aussi et pour conclure cet article: "Aïd Moubarak w ten3ad 3aleykoum nchallah" à tous les musulmans!

Clic Clac [6]

dimanche 5 août 2012

Résultats des sportifs maliens aux J.O

Les Jeux Olympiques touchent déjà à leur fin. Temps pour nous de s'intéresser aux résultats des sportifs maliens lors de la compétition.

Athlétisme:
- Moussa Camara est arrivé 6ème de sa série en 800m avec un temps de 1'51''36. Ce qui ne lui permet pas d'accéder au tour suivant.
- Rahamatou Drame s'est malheureusement faite disqualifiée pour faux départ lors des séries de 100m haies. Dommage elle n'aura pas pu montrer ses talents au public londonien.

Natation:
- Fatoumata Samassekou a fini 6ème de sa série sur 50m nage libre avec un temps de 31'88. Malheureusement insuffisant pour accéder à la demi-finale.
- Mamadou Soumaré a fini 1er de sa série avec un temps de 57'32. Ce chrono n'a cependant pas suffit pour accéder aux demi-finale, les temps 16 nageurs qualifiés étant tous sous la barre des 49sec.



Judo:
- Oumar Koné s'est fait éliminer lors des 16ème de finale par le brésilien Lucciano Correa.

Taekwondo:
- Modibo Keita est pour sa part arrivé jusqu'en demi finale dans la catégorie des plus de 80kg; battu par le cubain Robelis Despaigne, il laisse échapper la médaille de bronze. Beau tournoi tout même et quelques belles actions à retenir, notamment en quart de finale contre le canadien Coulombe-Fortier.



Les sportifs maliens n'auront pas brillé lors de ces Jeux Olympiques 2012.

Toutefois il est important de souligner la force de caractère et les qualités intrinsèques de ces athlètes, qui réalisent des performances notables alors qu'ils bénéficient du quart des infrastructures de leurs adversaires.

Alors que les sportifs français de haut niveau sont souvent payés par l'Etat sous couvert d'un contrat de fonctionnaire (gendarmerie le plus souvent), peu d'Etats africains peuvent se permettre de telles largesses. Et rares sont les primes à la performance en cas d'exploit. Sauf exception, il faut donc allier "vrai" travail et entraînements pour les sportifs africains.

Toutefois certaines délégations africaines bénéficient d'une aide gouvernementale pour ces J.O 2012. Cela reste rare et soumis aux intérêts politiques du moment.
"Ainsi le président ivoirien Alassane Ouattara a laissé, lors de son passage éclair à Londres une enveloppe de 20 000 dollars répartis entre les athlètes et les encadreurs tout en promettant la construction prochaine d’un stade olympique. De même, le gouvernement sénégalais a annoncé le 18 juillet dernier avoir donné 400 millions de Fcfa à sa délégation pour leur participation aux JO." Source Afrique Expansion

Il n'est dès lors pas étonnant de voir les africains exceller en athlétisme, discipline demandant moins d'infrastructures que d'autres sports.

Certains cèdent donc aux appels du pied d'Europe, des Etats Unis ou plus récemment des Emirats Arabes et troquent leur nationalité d'origine contre une qui leur assure un revenu et de meilleures conditions d'entraînement. Comment leur reprocher?

mardi 31 juillet 2012

Afrobasket 2013

L’équipe nationale masculine de basketball du Mali va participer en août au tournoi qualificatif à l’Afrobasket-2013.

La compétition aura lieu au Cap Vert et opposera les Aigles du Mali aux autres pays de la Zone II. Soit la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée, la Mauritanie, le Sénégal, la Sierra Leone, et le Cap Vert.


L'Afrobasket aura lieu en Côte d'Ivoire en septembre 2013. Le prochain champion d'Afrique sera donc sacré à Abidjan, capitale économique du pays.
Petit hasard, l'équipe malienne, dont la plupart des joueurs évoluent en ProA (première ligue française), était il y a 2 jours dans le même avion Paris - Bamako que moi!
J'ai donc appris qu'ils s'entraînent dans une salle jouxtant le stade Modibo Keita...et que l'on peut assister à leurs entraînements.
Avis aux amateurs.

Pour suivre les actualités du basketball malien: www.femabasket.com

Jeux Olympiques - Londres 2012



Les Jeux Olympiques de Londres battent leur plein depuis le 27 juillet et six athlètes représentent le Mali pour l'occasion.

Il s'agit de Daba Modibo Kéita (Taekwondo +80kg), Oumar Koné (Judo -100kg), Rahamatou Dramé (Athlétisme 100m haies), Moussa Camara (Athlétisme 800m), Mamadou A. Soumaré (Natation, 100m nage libre) et Fatoumata Samassékou (Natation 50m nage libre).


C'est sans doute avec Daba Keita que le Mali a le plus de chances de remporter une médaille. En effet ce dernier fut champion du Monde à deux reprises dans la catégorie poids lourd (2007 et 2009) et semble confiant pour ces JO.

"Beaucoup de gens pensaient que le Mali allait être absent à Londres à cause de la situation politique et sécuritaire qui prévaut dans notre pays depuis le début de l' année. Nous serons bel et bien présents à Londres et notre objectif est de prouver au monde que malgré les difficultés, notre pays reste débout", précise le président du Comité National Olympique et Sportif du Mali, M. Habib Sissoko. Source Chine-informations

samedi 30 juin 2012

Soundjata Keita, père fondateur du Mali

"Mali" veut en fait dire "hippopotame" en madingue, dioula et en bambara, trois langues locales. 

Pourquoi appeler son pays 'Hippopotame'?

Il y a évidemment plusieurs hypothèse à ce sujet mais l'explication la plus probable quant à l'origine du nom est que l'hippopotame était l'animal totem du père fondateur de l'Empire du Mali: Soundjata Keita.
Prédestiné, il passe d'une enfance difficile passée en exil à l'accession au trône du Mandé en 1235.
Mort en 1255 dans des circonstances mystérieuses, il laisse derrière lui un empire allant de l'Atlantique au Sahara, et s'étendant jusqu'aux forêts de Guinée.

La légende de Soundjata Keita reste trés présente dans les esprits, puisqu'il incarne la grandeur du Mali...et des civilisations africaines en général. De jeunes talents sont d'ailleurs encore inspirés par Keita, à l'instar de Boubou Doucouré qui a transposé en 2011 le mythe dans un dessin animé tout public "Soundiata, fils du Mandé"

lundi 18 juin 2012

Paludisme

La saison des pluies commence au Mali, elle durera jusqu'au mois de septembre.

        Je n'ai encore jamais vécu cette saison dans le pays, et ne sais donc pas encore qu'elles en seront les réalités. Quoi qu'il en soit les températures ont été tellement élevées depuis janvier que je ne peut que me réjouir à l'annonce d'une baisse du thermomètre!

       Mais les pluies n'apportent pas que leur lot de réjouissance, avec elles prolifèrent moustiques et donc...le paludisme. Le paludisme est la maladie parasitaire la plus répandue au monde puisqu’elle touche de 300 à 500 millions de personnes par an.


        Le paludisme, aussi connu sous le nom de malaria, est une maladie "qui tue un enfant toutes les 30 secondes en Afrique et entre 1 et 3 millions de personnes par an. Deux milliards d'individus, soit 40% de la population mondiale, sont exposés et on estime à 500 millions le nombre de cas cliniques survenant chaque année." 

        En grossissant le trait, on peut dire que toute personne ayant vécu plus de 6 mois en Afrique a contracté une forme ou une autre de paludisme. En effet bien que les moyens de se protéger soient simples (moustiquaire imprégnée, médicaments préventif, révulsifs) ils restent souvent chers et ne peuvent protéger un individu en permanence.

      "Les manifestations cliniques du paludisme sont très diverses. Le paludisme débute par une fièvre 8 à 30 jours après l’infection, qui peut s’accompagner - ou non - de maux de tête, de douleurs musculaires, d’un affaiblissement, de vomissements, de diarrhées, de toux. Des cycles typiques alternant fièvre, tremblements avec sueurs froides et transpiration intense, peuvent alors survenir." Source Institut Pasteur

Une fois contracté, le paludisme prend plusieurs formes et plusieurs degrés de gravité: du simple accès de fièvre à la crise mortelle il se traite généralement très bien...à la condition d'en avoir les moyens. 

En savoir plus:
- Actions de lutte contre le paludisme de Médecins sans frontières
- Article du journal 'Le Monde' (2011)
- Dossier UNICEF sur le paludisme

samedi 16 juin 2012

Les Peuls

       Les peuls sont un peuple de pasteurs que l'on retrouve dans toute l'Afrique de l'Ouest. Aujourd'hui semi-sédentarisés ils sont particulièrement représentés dans la région de Mopti au Mali, où ils sont la deuxième ethnie après les bambara.


       Les peuls sont majoritairement musulmans, et ont favorisé la propagation de l'Islam dans toute la sous-région. Les maliens les respectent d'ailleurs particulièrement pour cela. Mais la liste des savoirs faire et des qualités attribués aux peuls ne s'arrête pas là.

On leur prête des talents dans la fabrication d'objet d'artisanat (poterie, sculpture), dans le tissage de laine et de coton, et dans l'orfèvrerie (bijoux en or et en fer). Rien que ça!

       Mais ce qui est le plus visible à mon niveau est la mode vestimentaire peul. Les hommes portent traditionnellement une tunique de couleur brune arrivant mi-mollet, un bâton, un chapeau de paille conique, un tablier de cuir et des boucles d'oreilles. 
       Les femmes elles, portent un pagne indigo ou des boubou très foncés. Ces dernières pratiquent le tatouage des lèvres, des gencives, des paumes de la main et des pieds à l'indigo. Elles portent également de nombreux bijoux en or, ma foi assez imposant!

Femme Peul

A Bamako les peuls ont le plus souvent adoptés le boubou tout en gardant leur chapeau, voir leur bâton. Au Nord et avec la chaleur sahélienne leur tête est enturbanné à la manière des touaregs.

Pour ma part j'aime beaucoup le chapeau: original et typique, il fait un bon objet de décoration!



mercredi 30 mai 2012

Série « A qui la faute ? » de Ryan Fakih

Petite entorse à la vocation de ce blog, j’aimerai écrire sur le Sénégal. En effet après l’article sur le cinéma malien, place aux séries du pays de la Teranga !

 C’est en réalité le premier épisode de la série « A qui la faute ? » de Ryan Fakih qui me pousse à écrire.  L’épisode en question est particulièrement bien réalisé et, chose plutôt rare dans une série, il délivre un message politique fort.



Mais revenons sur la genèse de « A qui la faute ? ».
Une partie de la jeunesse sénégalaise milite pour l’éveil des consciences dans le pays et la mise en place de réformes. Ce mouvement a pris de l’ampleur au moment des élections présidentielles de 2012, ou en tout cas a été plus relayée par la presse internationale à cette période.
Pour rappel, le président Abdoulaye WADE n’était pas autorisé –selon la constitution – à se présenter une troisième fois aux élections. Toutefois, après « négociations » au plus haut niveau, ce dernier a pu se présenter en toute légalité…et a même accédé au second tour des élections. Les sénégalais sont alors descendus dans la rue et ont finalement obtenu ce changement politique tant espéré : Macky SALL, opposant de longue date de WADE fut élu. Une page de l’Histoire du pays s’était tournée.
Un collectif s’est particulièrement illustré depuis 2011 dans sa lutte pour le changement, les bien-nommés « Y’en a marre ».  Les leaders du mouvement ne sont pas issus de la classe politique traditionnelle[1], au contraire ils vivent dans les quartiers populaires de Dakar et rêvent de bâtir le « NTS », soit le Nouveau type Sénégalais.

 Quel est le rapport entre la série « A qui la faute ? » et le collectif me direz-vous ?
Et bien la série est directement inspirée de leurs idées et mieux encore certains des acteurs de la série sont en réalité des membres phare du mouvement.

Dans ce premier épisode de 16 minutes, ce sont tous les problèmes quotidiens des sénégalais qui sont présentés. Filmé entièrement dans les rues de Dakar, la série dénonce le cercle vicieux dans lequel s’est engouffré le Sénégal et pose une question finale dérangeante : « à qui la faute ? ».

A chacun son libre arbitre pour tenter d’y répondre…

Extrait d’une interview du réalisateur, Ryan Fakih :
« Le mouvement ‘‘Y’en a marre’’ incarne une certaine idéologie. Le film dénonce une corruption qui fait qu’une personne peut en pâtir sans en être directement responsable. […] Nous voulons créer un déclic chez certaines personnes et susciter une prise de conscience. »
Extrait d’un article de Slate Afrique sur la série :
« Les membres du mouvement ‘’Y’en a marre’’ comme Samba Souba Sarr, qui a joué le rôle du commissaire dans le film et Mactar Pouye, celui de l’inspecteur, soulignent que leur participation au tournage était une manière de s’engager visuellement à promouvoir le nouveau type de Sénégalais, que le mouvement cherche lui-même à valoriser.
Le court métrage met en scène plusieurs personnages aux parcours différents mais dont les actes isolés et sans conséquences forment un tout. Un policier intègre se voit sanctionné par sa hiérarchie. Un demandeur d’emploi peine à trouver du travail. Un chauffeur de clando néglige sa visite technique… Des situations banales dont les conséquences vont s’avérer dramatiques. »

[1] J’entends par ‘classe politique traditionnelle’ les élites formées dans les plus grandes écoles occidentales (souvent françaises, américaines ou britanniques) qui reviennent dans leur pays d’origine pour faire – de très longues - carrière en politique.

mardi 29 mai 2012

Camp Kangaba


Le camp Kangaba est situé dans un parc d'une quinzaine d'hectares en banlieue de Bamako. Il est devenu notre moyen de décompression favori, la qualité du cadre proposé et sa proximité avec la capitale étant idéals.
L'une des cases / chambres d'hôtel
Manger de bons plats, se détendre autour de la piscine, faire de la randonnée, du kayak ou même...acheter des meubles et des vêtements sont autant de bonnes raisons de se rendre au camp Kangaba.

La philosophie l'endroit est simple: consommer local, dans le respect de l'environnement. C'est en tout cas de cette manière qu'ils communiquent.


Mon âme de hippie refoulée est donc doublement conquise et je m'y rend régulièrement.
Lien vers le site: www.kangaba.com

vendredi 25 mai 2012

25 mai, Fête de l'Afrique

Aujourd’hui est un jour férié au Mali, comme dans la plupart des pays africains. Ce jour a été choisi comme celui où les différentes nations du continent, au-delà de leurs calendriers respectifs, commémorerai leurs luttes pour l’indépendance et rendrai hommage aux combats menés.
Pourquoi le 25 mai ? En souvenir de la signature de l’acte de création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), le 25 mai 1963 à Addis Abeba en Ethiopie.

La Charte de l’OUA comporte un préambule et 33 articles qui définissent les objectifs poursuivis, les principes et les institutions de l’OUA. Les résolutions adoptées concernent alors principalement la lutte contre l’apartheid et celle des mouvements de libération dans les colonies portugaises.
Pour rappel, en 1963 tous les pays du continent n’avaient pas encore obtenu leur indépendance et l’Afrique du Sud était encore divisée.

[ Pour rappel, l’Apartheid est devenu anticonstitutionnelle en Afrique du Sud…en 1991. Je conseille d’ailleurs vivement d’aller explorer ce site internet : http://archive.nelsonmandela.org. On y trouve de nombreuses archives retraçant la vie et la lutte de Nelson Mandela. Passionnant. ]


Le dernier sommet de l’Organisation de l’Unité Africain a eu lieu en juillet 2001 à Lusaka en Zambie. Une quarantaine de chefs d’Etats s’étaient alors réunis pour ce 37ème rendez-vous de l’organisation. Ce sommet fut marqué par la naissance de l’Union Africaine, en effet les objectifs de l'ancienne OUA ont été atteints: les indépendances ont été conquises et l'Apartheid est mort. 

L'acte constitutif  de la toute nouvelle organisation préconise la mise en place d’actions moteur de développement et de l'intégration de l'Afrique dans la danse mondiale à tous les niveaux: économique, politique et culturel.


HYMNE DE L’UNION AFRICAINE

 Unissons-nous tous et célébrons ensemble
Les victoires remportées pour notre libération
Engageons-nous et levons nous comme un seul Homme
Pour défendre notre liberté et notre unité

O fils et filles de l’Afrique
Chair du Soleil et Chair du Ciel
Faisons de l’Afrique l’arbre de Vie

Unissons-nous tous et chantons en chœur
Pour maintenir les liens qui déterminent notre destin
Consacrons-nous tous au combat
Pour une paix durable et la justice sur terre

O fils et filles de l’Afrique
Chair du Soleil et Chair du Ciel
Faisons de l’Afrique l’Arbre de Vie

Unissons-nous tous et travaillons dur
Afin de donner le meilleur de nous-même à l’Afrique
Berceau de l’humanité et source de culture
Notre fierté et notre espérance au point du jour

O fils et filles de l’Afrique
Chair du Soleil et Chair du Ciel
Faisons de l’Afrique l’Arbre de Vie

lundi 21 mai 2012

Le cinéma malien

Le cinéma africain a de beaux jours devant lui, et de nombreux réalisateurs talentueux nous font découvrir leur pays sous un angle inédit.


Les pays les plus dynamiques dans le domaine sont l’Egypte, le Nigéria et le Maroc. Les studios égyptiens produisent de nombreuses séries, diffusés principalement au Maghreb et au Moyen Orient tandis que Nollywood, le Hollywood nigérian, est depuis 2009 la deuxième puissance cinématographique du Monde en termes de films réalisés avec quelques 2000 films produits annuellement, et 150 millions de spectateurs. Il dépasse même les Etats-Unis (!) et seconde l’Inde….et oui à chaque continent son laboratoire !
Dans cet article, nous allons nous pencher sur le cinéma ouest africain, et plus particulièrement sur le cinéma malien.
Les cinéastes de ce grand pays désertique traversé par le fleuve Niger, loin de bénéficier de la fortune du cinéma nigérian, sont pourtant déjà largement reconnus. Souleymane Cissé, Adama Drabo et Cheick Oumar Sissoko ont ainsi tous reçu des distinctions au Festival de Cannes et dans bien d’autres rencontres internationales du film. Ces derniers traitent des tabous de la société malienne ; ils dénoncent, racontent, rêvent…et nous transportent dans leurs univers.
Le cinéma malien est né à l’indépendance du pays en 1960. Dès lors il est le miroir de la société et analyse, voir dénonce, les différents régimes politique à l’instar du film « Toiles d’araignée » d’Ibrahima Ly qui revient sur la dictature militaire des années 1970.
Les maliens vont faire du 7ème art un contre-pouvoir, il leur permet d’affirmer leur indépendance et de marquer leur volonté de changement. Changement politique avec le refus des régimes autoritaires (« Yeleen » de Cissé), changement sociaux avec la revendication du droit des femmes (« Tafé Fanga, le pouvoir du pagne » de Drabo), ou encore changement économique avec la vive critique du Fond Monétaire Mondial dans « Bamako » d’Abderrahmane Sissako.
Mais découvrons ensemble quelques-uns des cinéastes maliens les plus prolifiques :

Souleymane Cissé
Eléments biographiques :
Cinéaste malien né le 21 avril 1940 à Bamako, Souleymane Cissé est passionné de cinéma dès son enfance. Il obtient une bourse pour suivre ses études de cinéma à l’Institut des Hautes Etudes Supérieures de la Cinématographie de Moscou et s’envole pour la Russie. Il en sort diplômé en 1969.


Cissé est l’un des réalisateurs maliens les plus connus, notamment grâce à son film « Min Yé », sorti en 2009 et présenté au Festival de Cannes la même année. Ce film traitant de la polygamie, de l’adultère et de la relation homme/femme rencontre un vif succès. Mais «Min Yé » dérange, et pour l’anecdote son ami Martin Scorsese (oui madame !) aurait fait remarquer à Souleymane Cissé que son film gênait. Ce dernier se serait alors esclaffé et lui aurait répondu « et ton film, La Tentation du Christ, il était dérangeant aussi non ? »


Focus film :
En 1975, Cissé réalise son premier long métrage, en bambara, « Den Muso (La Jeune fille) » à propos d’une jeune fille muette violée par un chômeur. Enceinte, elle subit le rejet de sa famille et du père de l’enfant qui refuse de le reconnaître.
Souleymane Cissé a ainsi expliqué sa démarche : "J’ai voulu exposer le cas des nombreuses filles-mères rejetées de partout. J’ai voulu mon héroïne muette pour symboliser une évidence : chez nous, les femmes n’ont pas la parole". Non seulement le film est interdit par le ministre malien de la culture mais Souleymane Cissé est arrêté et emprisonné pour avoir accepté une coopération française. Le brûlot restera interdit pendant trois ans et n’obtiendra son visa d’exploitation qu’en 1978.



Cheick Oumar Sissoko
Eléments biographiques :
Cinéaste et homme politique malien, né en 1945 à San, il ira faire ses études en France. Étudiant à Paris, Cheick Oumar Sissoko obtient un DEA d’histoire et sociologie africaine et un diplôme de l’École des hautes études en sciences sociales, en histoire et cinéma. Il suit ensuite des cours de cinéma à l’École nationale supérieure Louis-Lumière.
De retour au Mali, il est engagé comme réalisateur au Centre national de la production cinématographique (CNPC). Son premier film, « L’école malienne » sortira en 1982.


Focus film : « La Genèse », sorti en 1999
Prix RFI Cinéma du public au Fespaco en 2001



Sadio Simaga
Eléments biographiques : Diplômée en sociologie, Sadio Simaga commence le cinéma en tant que figurante dans des films puis elle est recrutée comme script par le réalisateur malien Boubacar Sidibé sur le plateau de tournage du film « Les rois de Ségou ».
Depuis la réalisatrice malienne a fait ses preuves. En effet le court métrage « Les 50 ans du cinéma en Afrique de l’Ouest » a été sélectionné en 2011 au Festival de Cannes et la réalisatrice a remporté de nombreuses récompenses en Europe et en Afrique pour l’ensemble de son œuvre.


Focus film : A travers le documentaire "Les 50 ans du cinéma en Afrique de l'ouest" des acteurs du 7ème art s'interrogent sur le bilan exhaustif d'un cinéma ouest africain en manque de soutien financier et d'appui politique, tout en gardant espoir en l'avenir.
Extrait du film "Les 50 ans du cinéma en Afrique de l'Ouest"


Abderrahmane Sissako
Eléments biographiques :
Abderrahmane Sissako est né en Mauritanie, pourtant très tôt sa famille émigre au Mali, pays dans lequel il grandira.A partir de 1983, il suit à Moscou les cours du célèbre VGIK, l'Institut fédéral d'Etat du cinéma, où il finalisera ses deux premiers courts métrages : « Le jeu » et « Octobre ». Ce dernier film sera d’ailleurs présenté en 1993 dans la section "Un certain regard" du Festival de Cannes.
En 1998, dans le cadre de la collection "2000 vu par?", il tourne « La Vie sur Terre », où il interprète lui-même un cinéaste vivant en France et qui, à la veille de l'an 2000, part pour Sokolo, le village malien où vit son père.
Sélectionné dans nombre de festivals internationaux et notamment à Cannes où il obtient le prix de la critique internationale, le film reçoit également l'Etalon de Yennenga du Fespaco de Ouagadougou ainsi que le Grand Prix de la Biennale des cinémas arabes de Paris.


Focus film : En 2006, dans la maison de son père au Mali, il tourne « Bamako », où il met en scène un procès des institutions internationales face aux injustices que subit l'Afrique. Sélectionné hors compétition au Festival de Cannes 2006, ce film a obtenu le Grand Prix du Public aux Rencontres Paris Cinéma.


Malgré la profusion de talents, les réalisateurs maliens font face à de nombreux problèmes, et notamment au manque chronique de moyens. Faire un film coute (très) cher et il est difficile de trouver des financements.
Toutefois le centre national du Mali (CNCM) dispose de matériel technique et de techniciens spécialisés. Il est dynamique et soutient les réalisateurs dans leurs projets. Les nouvelles technologies numériques permettent également de faire des métrages de meilleure qualité à moindre cout, favorisant la créativité malienne.


Autre problème au Mali, l’accès à la culture. Il n’y a pratiquement plus de salles de cinéma dans le pays, à Bamako seul le cinéma Babemba et le centre culturel français diffusent régulièrement des films.
Cheick Oumar Sissoko nous dit ainsi : «Ce n’est plus un art, un loisir que l’on va chercher, que l’on va admirer dans les salles de cinéma, parce qu’elles n’existent pas. Le public doit avoir cette exigence de voir les films. Ils leurs permettent de voyager, d’aller à l’encontre de l’autre. En même temps, nos films africains nous permettent de mieux comprendre notre continent, et de mieux connaître les façons de vivre de nos sociétés. Il faut que les africains militent pour avoir des salles de cinéma. Les films vus sur le petit écran son complètement, différents lorsqu’on les voie sur les grands écrans. C’est une occasion de sortir, de discuter avec les gens, de se frotter aux autres et de mieux renforcer la diversité culturelle de notre pays. Il faut que le public nous soutienne en allant voir ces films dans les salles de ciné, et qu’il arrête de payer les films piratés. »[1]

Retrouvez cet article sur le blog d'Out Of The G, association française de production et de diffusion d'oeuvres audiovisuelles. http://outoftheg.wordpress.com/2012/05/24/le-cinema-malien/

[1] Source : Journaldumali.com http://www.journaldumali.com/article.php?aid=564