Le cinéma
africain a de beaux jours devant lui, et de nombreux réalisateurs talentueux
nous font découvrir leur pays sous un angle inédit.
En 1975, Cissé
réalise son premier long métrage, en bambara, « Den Muso (La
Jeune fille) » à propos d’une jeune fille
muette violée par un chômeur. Enceinte, elle subit le rejet de sa famille et du
père de l’enfant qui refuse de le reconnaître.
[1] Source : Journaldumali.com http://www.journaldumali.com/article.php?aid=564
Les pays les plus
dynamiques dans le domaine sont l’Egypte, le Nigéria et le Maroc. Les studios
égyptiens produisent de nombreuses séries, diffusés principalement au Maghreb
et au Moyen Orient tandis que Nollywood, le Hollywood nigérian, est depuis 2009
la deuxième puissance cinématographique du Monde en termes de films
réalisés avec quelques 2000 films produits annuellement, et 150 millions de
spectateurs. Il dépasse même les Etats-Unis (!) et seconde l’Inde….et oui à
chaque continent son laboratoire !
Dans cet
article, nous allons nous pencher sur le cinéma ouest africain, et plus
particulièrement sur le cinéma malien.
Les cinéastes
de ce grand pays désertique traversé par le fleuve Niger, loin de bénéficier de
la fortune du cinéma nigérian, sont pourtant déjà largement reconnus. Souleymane
Cissé, Adama Drabo et Cheick Oumar Sissoko ont ainsi tous reçu des distinctions
au Festival de Cannes et dans bien d’autres rencontres internationales du film.
Ces derniers traitent des tabous de la société malienne ; ils dénoncent,
racontent, rêvent…et nous transportent dans leurs univers.
Le cinéma
malien est né à l’indépendance du pays en 1960. Dès lors il est le miroir de la
société et analyse, voir dénonce, les différents régimes politique à l’instar
du film « Toiles d’araignée » d’Ibrahima Ly qui revient sur la
dictature militaire des années 1970.
Les maliens
vont faire du 7ème art un contre-pouvoir, il leur permet d’affirmer
leur indépendance et de marquer leur volonté de changement. Changement
politique avec le refus des régimes autoritaires (« Yeleen » de
Cissé), changement sociaux avec la revendication du droit des femmes (« Tafé
Fanga, le pouvoir du pagne » de Drabo), ou encore changement économique
avec la vive critique du Fond Monétaire Mondial dans « Bamako » d’Abderrahmane
Sissako.
Mais découvrons
ensemble quelques-uns des cinéastes maliens les plus prolifiques :
Souleymane Cissé
Eléments biographiques :
Cinéaste malien né le 21 avril 1940 à Bamako,
Souleymane Cissé est passionné de cinéma dès son enfance. Il obtient une bourse
pour suivre ses études de cinéma à l’Institut des Hautes Etudes Supérieures de
la Cinématographie de Moscou et s’envole pour la Russie. Il en sort diplômé en
1969.
Cissé est l’un des réalisateurs maliens les plus
connus, notamment grâce à son film « Min Yé », sorti en 2009 et
présenté au Festival de Cannes la même année. Ce film traitant de la polygamie,
de l’adultère et de la relation homme/femme rencontre un vif succès. Mais «Min
Yé » dérange, et pour l’anecdote son ami Martin Scorsese (oui madame !)
aurait fait remarquer à Souleymane Cissé que son film gênait. Ce dernier se
serait alors esclaffé et lui aurait répondu « et ton film, La Tentation
du Christ, il était dérangeant aussi non ? »
Focus film :
Souleymane Cissé
a ainsi expliqué sa démarche : "J’ai voulu exposer le cas des nombreuses
filles-mères rejetées de partout. J’ai voulu mon héroïne muette pour symboliser
une évidence : chez nous, les femmes n’ont pas la parole". Non seulement
le film est interdit par le ministre malien de la culture mais Souleymane Cissé
est arrêté et emprisonné pour avoir accepté une coopération française. Le
brûlot restera interdit pendant trois ans et n’obtiendra son visa d’exploitation
qu’en 1978.
Cheick Oumar Sissoko
Eléments biographiques :
Cinéaste et homme politique malien, né en 1945
à San, il ira faire ses études en France. Étudiant à Paris, Cheick
Oumar Sissoko obtient un DEA d’histoire et sociologie africaine et un diplôme
de l’École des hautes études en sciences sociales, en histoire et cinéma. Il
suit ensuite des cours de cinéma à l’École nationale supérieure Louis-Lumière.
De retour au Mali, il est engagé comme
réalisateur au Centre national de la production cinématographique (CNPC). Son
premier film, « L’école malienne » sortira en 1982.
Focus film : « La Genèse »,
sorti en 1999
Prix
RFI Cinéma du public au Fespaco en 2001
Sadio Simaga
Eléments biographiques : Diplômée en
sociologie, Sadio Simaga commence le cinéma en tant que figurante dans des
films puis elle est recrutée comme script par le réalisateur malien Boubacar
Sidibé sur le plateau de tournage du film « Les rois de Ségou ».
Depuis la réalisatrice malienne a fait ses preuves. En effet le
court métrage « Les 50 ans du cinéma en Afrique de l’Ouest » a été
sélectionné en 2011 au Festival de Cannes et la réalisatrice a remporté de
nombreuses récompenses en Europe et en Afrique pour l’ensemble de son œuvre.
Focus film : A travers le documentaire "Les 50 ans
du cinéma en Afrique de l'ouest" des acteurs du 7ème art s'interrogent sur
le bilan exhaustif d'un cinéma ouest africain en manque de soutien financier et
d'appui politique, tout en gardant espoir en l'avenir.
Extrait du film "Les 50 ans du cinéma en Afrique de l'Ouest" |
Abderrahmane Sissako
Eléments biographiques :
Abderrahmane
Sissako est né en Mauritanie, pourtant très tôt sa famille émigre au Mali, pays
dans lequel il grandira.A partir de 1983, il suit à Moscou
les cours du célèbre VGIK, l'Institut fédéral d'Etat du cinéma, où il
finalisera ses deux premiers courts métrages : « Le jeu » et « Octobre ». Ce dernier film sera d’ailleurs présenté en 1993 dans la section "Un
certain regard" du Festival de Cannes.
En 1998, dans le cadre de la collection "2000 vu par?",
il tourne « La Vie sur Terre », où il interprète lui-même un cinéaste vivant en France et qui, à
la veille de l'an 2000, part pour Sokolo, le village malien où vit son père.
Sélectionné dans nombre de festivals internationaux et notamment à
Cannes où il obtient le prix de la critique internationale, le film reçoit
également l'Etalon de Yennenga du Fespaco de Ouagadougou ainsi que le Grand
Prix de la Biennale des cinémas arabes de Paris.
Focus film : En 2006, dans la maison de son père au Mali, il tourne « Bamako », où il met en scène un
procès des institutions internationales face aux injustices que subit
l'Afrique. Sélectionné hors compétition au Festival de Cannes 2006, ce film a obtenu le Grand Prix du Public
aux Rencontres Paris Cinéma.
Malgré la profusion de talents, les réalisateurs
maliens font face à de nombreux problèmes, et notamment au manque chronique de moyens. Faire
un film coute (très) cher et il est difficile de trouver des financements.
Toutefois le centre national du Mali (CNCM) dispose de matériel technique et de techniciens spécialisés. Il est dynamique et soutient les réalisateurs dans leurs projets. Les nouvelles technologies numériques permettent également de faire des métrages de meilleure qualité à moindre cout, favorisant la créativité malienne.
Toutefois le centre national du Mali (CNCM) dispose de matériel technique et de techniciens spécialisés. Il est dynamique et soutient les réalisateurs dans leurs projets. Les nouvelles technologies numériques permettent également de faire des métrages de meilleure qualité à moindre cout, favorisant la créativité malienne.
Autre problème au Mali, l’accès à la culture. Il n’y
a pratiquement plus de salles de cinéma dans le pays, à Bamako seul le cinéma Babemba
et le centre culturel français
diffusent régulièrement des films.
Cheick Oumar Sissoko nous dit ainsi : «Ce n’est
plus un art, un loisir que l’on va chercher, que l’on va admirer dans les
salles de cinéma, parce qu’elles n’existent pas. Le public doit avoir cette
exigence de voir les films. Ils leurs permettent de voyager, d’aller à
l’encontre de l’autre. En même temps, nos films africains nous permettent de
mieux comprendre notre continent, et de mieux connaître les façons de vivre de
nos sociétés. Il faut que les africains militent pour avoir des salles de
cinéma. Les films vus sur le petit écran son complètement, différents lorsqu’on
les voie sur les grands écrans. C’est une occasion de sortir, de discuter avec
les gens, de se frotter aux autres et de mieux renforcer la diversité
culturelle de notre pays. Il faut que le public nous soutienne en allant voir
ces films dans les salles de ciné, et qu’il arrête de payer les films piratés. »[1]
Retrouvez cet article sur le blog d'Out Of The G, association française de production et de diffusion d'oeuvres audiovisuelles. http://outoftheg.wordpress.com/2012/05/24/le-cinema-malien/
Retrouvez cet article sur le blog d'Out Of The G, association française de production et de diffusion d'oeuvres audiovisuelles. http://outoftheg.wordpress.com/2012/05/24/le-cinema-malien/
[1] Source : Journaldumali.com http://www.journaldumali.com/article.php?aid=564
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