Petite entorse
à la vocation de ce blog, j’aimerai écrire sur le Sénégal. En effet après l’article
sur le cinéma malien, place aux séries du pays de la Teranga !
C’est en
réalité le premier épisode de la série « A qui la faute ? »
de Ryan Fakih qui me pousse à écrire. L’épisode en question est particulièrement bien réalisé et, chose plutôt
rare dans une série, il délivre un message politique fort.
Mais revenons sur
la genèse de « A qui la faute ? ».
Une partie de
la jeunesse sénégalaise milite pour l’éveil des consciences dans le pays et la
mise en place de réformes. Ce mouvement a pris de l’ampleur au moment des
élections présidentielles de 2012, ou en tout cas a été plus relayée par la
presse internationale à cette période.
Pour rappel, le
président Abdoulaye WADE n’était pas autorisé –selon la constitution – à se présenter une
troisième fois aux élections. Toutefois, après « négociations » au
plus haut niveau, ce dernier a pu se présenter en toute légalité…et a même
accédé au second tour des élections. Les sénégalais sont alors descendus dans la
rue et ont finalement obtenu ce changement politique tant espéré : Macky
SALL, opposant de longue date de WADE fut élu. Une page de l’Histoire du pays
s’était tournée.
Un
collectif s’est particulièrement illustré depuis 2011 dans sa lutte pour le
changement, les bien-nommés « Y’en a marre ». Les leaders du
mouvement ne sont pas issus de la classe politique traditionnelle[1],
au contraire ils vivent dans les quartiers populaires de Dakar et rêvent de
bâtir le « NTS », soit le Nouveau type Sénégalais.
Quel est le rapport entre la série
« A qui la faute ? » et le collectif me direz-vous ?
Et
bien la série est directement inspirée de leurs idées et mieux encore certains
des acteurs de la série sont en réalité des membres phare du mouvement.
Dans ce
premier épisode de 16 minutes, ce sont tous les problèmes quotidiens des
sénégalais qui sont présentés. Filmé entièrement dans les rues de Dakar, la
série dénonce le cercle vicieux dans lequel s’est engouffré le Sénégal et pose
une question finale dérangeante : « à qui la faute ? ».
A chacun
son libre arbitre pour tenter d’y répondre…
Extrait d’une interview du réalisateur, Ryan Fakih :
« Le mouvement ‘‘Y’en a marre’’ incarne
une certaine idéologie. Le film dénonce une corruption qui fait qu’une personne
peut en pâtir sans en être directement responsable. […] Nous voulons créer un
déclic chez certaines personnes et susciter une prise de conscience. »
Extrait d’un article de Slate Afrique sur la série :
« Les membres du mouvement ‘’Y’en
a marre’’ comme Samba Souba Sarr, qui a joué le rôle du commissaire dans le
film et Mactar Pouye, celui de l’inspecteur, soulignent que leur participation
au tournage était une manière de s’engager visuellement à promouvoir le nouveau
type de Sénégalais, que le mouvement cherche lui-même à valoriser.
Le
court métrage met en scène plusieurs personnages aux parcours différents mais
dont les actes isolés et sans conséquences forment un tout. Un policier intègre
se voit sanctionné par sa hiérarchie. Un demandeur d’emploi peine à trouver du
travail. Un chauffeur de clando néglige sa visite technique… Des situations
banales dont les conséquences vont s’avérer dramatiques. »
[1]
J’entends par ‘classe politique traditionnelle’ les élites formées dans les
plus grandes écoles occidentales (souvent françaises, américaines ou
britanniques) qui reviennent dans leur pays d’origine pour faire – de très
longues - carrière en politique.
Le camp Kangaba est situé dans un parc d'une quinzaine d'hectares en banlieue de Bamako. Il est devenu notre moyen de décompression favori, la qualité du cadre proposé et sa proximité avec la capitale étant idéals.
L'une des cases / chambres d'hôtel
Manger de bons plats, se détendre autour de la piscine, faire de la randonnée, du kayak ou même...acheter des meubles et des vêtements sont autant de bonnes raisons de se rendre au camp Kangaba.
La philosophie l'endroit est simple: consommer local, dans le respect de l'environnement. C'est en tout cas de cette manière qu'ils communiquent.
Mon âme de hippie refoulée est donc doublement conquise et je m'y rend régulièrement.
Aujourd’hui est un jour férié au Mali, comme dans la plupart des pays africains. Ce jour a été choisi comme celui où les différentes nations du continent, au-delà de leurs calendriers respectifs, commémorerai leurs luttes pour l’indépendance et rendrai hommage aux combats menés.
Pourquoi le 25 mai ? En souvenir de la signature de l’acte de création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), le 25 mai 1963 à Addis Abeba en Ethiopie.
La Charte de l’OUA comporte un préambule et 33 articles qui définissent les objectifs poursuivis, les principes et les institutions de l’OUA. Les résolutions adoptées concernent alors principalement la lutte contre l’apartheid et celle des mouvements de libération dans les colonies portugaises. Pour rappel, en 1963 tous les pays du continent n’avaient pas encore obtenu leur indépendance et l’Afrique du Sud était encore divisée.
[ Pour rappel, l’Apartheid est devenu anticonstitutionnelle en Afrique du Sud…en 1991. Je conseille d’ailleurs vivement d’aller explorer ce site internet : http://archive.nelsonmandela.org. On y trouve de nombreuses archives retraçant la vie et la lutte de Nelson Mandela. Passionnant. ]
Le dernier sommet de l’Organisation de l’Unité Africain a eu lieu en juillet 2001 à Lusaka en Zambie. Une quarantaine de chefs d’Etats s’étaient alors réunis pour ce 37ème rendez-vous de l’organisation. Ce sommet fut marqué par la naissance de l’Union Africaine, en effet les objectifs de l'ancienne OUA ont été atteints: les indépendances ont été conquises et l'Apartheid est mort.
L'acte constitutif de la toute nouvelle organisation préconise la mise en place d’actions moteur de développement et de l'intégration de l'Afrique dans la danse mondiale à tous les niveaux: économique, politique et culturel.
HYMNE DE L’UNION AFRICAINE
Unissons-nous tous et célébrons ensemble
Les victoires remportées pour notre libération
Engageons-nous et levons nous comme un seul Homme
Pour défendre notre liberté et notre unité
O fils et filles de l’Afrique
Chair du Soleil et Chair du Ciel
Faisons de l’Afrique l’arbre de Vie
Unissons-nous tous et chantons en
chœur
Pour maintenir les liens qui déterminent notre destin
Consacrons-nous tous au combat
Pour une paix durable et la justice sur terre
O fils et filles de l’Afrique
Chair du Soleil et Chair du Ciel
Faisons de l’Afrique l’Arbre de Vie
Unissons-nous tous et travaillons
dur
Afin de donner le meilleur de nous-même à l’Afrique
Berceau de l’humanité et source de culture
Notre fierté et notre espérance au point du jour
O fils et filles de l’Afrique
Chair du Soleil et Chair du Ciel
Faisons de l’Afrique l’Arbre de Vie
Le cinéma
africain a de beaux jours devant lui, et de nombreux réalisateurs talentueux
nous font découvrir leur pays sous un angle inédit.
Les pays les plus
dynamiques dans le domaine sont l’Egypte, le Nigéria et le Maroc. Les studios
égyptiens produisent de nombreuses séries, diffusés principalement au Maghreb
et au Moyen Orient tandis que Nollywood, le Hollywood nigérian, est depuis 2009
la deuxième puissance cinématographique du Monde en termes de films
réalisés avec quelques 2000 films produits annuellement, et 150 millions de
spectateurs. Il dépasse même les Etats-Unis (!) et seconde l’Inde….et oui à
chaque continent son laboratoire !
Dans cet
article, nous allons nous pencher sur le cinéma ouest africain, et plus
particulièrement sur le cinéma malien.
Les cinéastes
de ce grand pays désertique traversé par le fleuve Niger, loin de bénéficier de
la fortune du cinéma nigérian, sont pourtant déjà largement reconnus. Souleymane
Cissé, Adama Drabo et Cheick Oumar Sissoko ont ainsi tous reçu des distinctions
au Festival de Cannes et dans bien d’autres rencontres internationales du film.
Ces derniers traitent des tabous de la société malienne ; ils dénoncent,
racontent, rêvent…et nous transportent dans leurs univers.
Le cinéma
malien est né à l’indépendance du pays en 1960. Dès lors il est le miroir de la
société et analyse, voir dénonce, les différents régimes politique à l’instar
du film « Toiles d’araignée » d’Ibrahima Ly qui revient sur la
dictature militaire des années 1970.
Les maliens
vont faire du 7ème art un contre-pouvoir, il leur permet d’affirmer
leur indépendance et de marquer leur volonté de changement. Changement
politique avec le refus des régimes autoritaires (« Yeleen » de
Cissé), changement sociaux avec la revendication du droit des femmes (« Tafé
Fanga, le pouvoir du pagne » de Drabo), ou encore changement économique
avec la vive critique du Fond Monétaire Mondial dans « Bamako » d’Abderrahmane
Sissako.
Mais découvrons
ensemble quelques-uns des cinéastes maliens les plus prolifiques :
Souleymane Cissé
Eléments biographiques :
Cinéaste malien né le 21 avril 1940 à Bamako,
Souleymane Cissé est passionné de cinéma dès son enfance. Il obtient une bourse
pour suivre ses études de cinéma à l’Institut des Hautes Etudes Supérieures de
la Cinématographie de Moscou et s’envole pour la Russie. Il en sort diplômé en
1969.
Cissé est l’un des réalisateurs maliens les plus
connus, notamment grâce à son film « Min Yé », sorti en 2009 et
présenté au Festival de Cannes la même année. Ce film traitant de la polygamie,
de l’adultère et de la relation homme/femme rencontre un vif succès. Mais «Min
Yé » dérange, et pour l’anecdote son ami Martin Scorsese (oui madame !)
aurait fait remarquer à Souleymane Cissé que son film gênait. Ce dernier se
serait alors esclaffé et lui aurait répondu « et ton film, La Tentation
du Christ, il était dérangeant aussi non ? »
Focus film :
En 1975, Cissé
réalise son premier long métrage, en bambara, « Den Muso (La
Jeune fille) »à propos d’une jeune fille
muette violée par un chômeur. Enceinte, elle subit le rejet de sa famille et du
père de l’enfant qui refuse de le reconnaître.
Souleymane Cissé
a ainsi expliqué sa démarche : "J’ai voulu exposer le cas des nombreuses
filles-mères rejetées de partout. J’ai voulu mon héroïne muette pour symboliser
une évidence : chez nous, les femmes n’ont pas la parole". Non seulement
le film est interdit par le ministre malien de la culture mais Souleymane Cissé
est arrêté et emprisonné pour avoir accepté une coopération française. Le
brûlot restera interdit pendant trois ans et n’obtiendra son visa d’exploitation
qu’en 1978.
Cheick Oumar Sissoko
Eléments biographiques :
Cinéaste et homme politique malien, né en 1945
à San, il ira faire ses études en France. Étudiant à Paris, Cheick
Oumar Sissoko obtient un DEA d’histoire et sociologie africaine et un diplôme
de l’École des hautes études en sciences sociales, en histoire et cinéma. Il
suit ensuite des cours de cinéma à l’École nationale supérieure Louis-Lumière.
De retour au Mali, il est engagé comme
réalisateur au Centre national de la production cinématographique (CNPC). Son
premier film, « L’école malienne » sortira en 1982.
Focus film : « La Genèse »,
sorti en 1999
Prix
RFI Cinéma du public au Fespaco en 2001
SadioSimaga
Eléments biographiques : Diplômée en
sociologie, Sadio Simaga commence le cinéma en tant que figurante dans des
films puis elle est recrutée comme script par le réalisateur malien Boubacar
Sidibé sur le plateau de tournage du film « Les rois de Ségou ».
Depuis la réalisatrice malienne a fait ses preuves. En effet le
court métrage « Les 50 ans du cinéma en Afrique de l’Ouest » a été
sélectionné en 2011 au Festival de Cannes et la réalisatrice a remporté de
nombreuses récompenses en Europe et en Afrique pour l’ensemble de son œuvre.
Focus film : A travers le documentaire "Les 50 ans
du cinéma en Afrique de l'ouest" des acteurs du 7ème art s'interrogent sur
le bilan exhaustif d'un cinéma ouest africain en manque de soutien financier et
d'appui politique, tout en gardant espoir en l'avenir.
Extrait du film "Les 50 ans du cinéma en Afrique de l'Ouest"
Abderrahmane Sissako
Eléments biographiques :
Abderrahmane
Sissako est né en Mauritanie, pourtant très tôt sa famille émigre au Mali, pays
dans lequel il grandira.A partir de 1983, il suit à Moscou
les cours du célèbre VGIK, l'Institut fédéral d'Etat du cinéma, où il
finalisera ses deux premiers courts métrages : « Le jeu » et « Octobre ». Ce dernier filmsera d’ailleurs présenté en 1993 dans la section "Un
certain regard" du Festival de Cannes.
En 1998, dans le cadre de la collection "2000 vu par?",
il tourne « La Vie sur Terre », où il interprète lui-même un cinéaste vivant en France et qui, à
la veille de l'an 2000, part pour Sokolo, le village malien où vit son père.
Sélectionné dans nombre de festivals internationaux et notamment à
Cannes où il obtient le prix de la critique internationale, le film reçoit
également l'Etalon de Yennenga du Fespaco de Ouagadougou ainsi que le Grand
Prix de la Biennale des cinémas arabes de Paris.
Focus film : En 2006, dans la maison de son père au Mali, il tourne « Bamako », où il met en scène un
procès des institutions internationales face aux injustices que subit
l'Afrique. Sélectionné hors compétition au Festival de Cannes 2006, ce film a obtenu le Grand Prix du Public
aux Rencontres Paris Cinéma.
Malgré la profusion de talents, les réalisateurs
maliens font face à de nombreux problèmes, et notamment au manque chronique de moyens. Faire
un film coute (très) cher et il est difficile de trouver des financements.
Toutefois le centre national du Mali (CNCM) dispose de matériel technique et de
techniciens spécialisés. Il est dynamique et soutient les réalisateurs dans
leurs projets. Les nouvelles technologies numériques permettent également de
faire des métrages de meilleure qualité à moindre cout, favorisant la
créativité malienne.
Autre problème au Mali, l’accès à la culture. Il n’y
a pratiquement plus de salles de cinéma dans le pays, à Bamako seul le cinéma Babemba
et le centre culturel français
diffusent régulièrement des films.
Cheick Oumar Sissoko nous dit ainsi : «Ce n’est
plus un art, un loisir que l’on va chercher, que l’on va admirer dans les
salles de cinéma, parce qu’elles n’existent pas. Le public doit avoir cette
exigence de voir les films. Ils leurs permettent de voyager, d’aller à
l’encontre de l’autre. En même temps, nos films africains nous permettent de
mieux comprendre notre continent, et de mieux connaître les façons de vivre de
nos sociétés. Il faut que les africains militent pour avoir des salles de
cinéma. Les films vus sur le petit écran son complètement, différents lorsqu’on
les voie sur les grands écrans. C’est une occasion de sortir, de discuter avec
les gens, de se frotter aux autres et de mieux renforcer la diversité
culturelle de notre pays. Il faut que le public nous soutienne en allant voir
ces films dans les salles de ciné, et qu’il arrête de payer les films piratés. »[1]
Hier je suis allée dans le bar de Tiken Jah Fakoly à Bamako, le clubRadioLibre.
Tiken Jah est un des chanteurs de reggae francophone les plus connus dans le Monde, sinon LE plus connu. On voit son visage partout à Bamako: sur les SOTRAMA (transports en commun maliens), les boutiques, les vêtements...etc.
Club Radio Libre
Tiken Jah a été obligé de fuir son pays d'origine, la Côte d'Ivoire, en 2003 à cause de ses textes engagés. Les dirigeants de l'époque ayant la menace facile, il a préféré mettre les siens à l'abri et s'exiler au Mali quelques temps.
Il n'a pu retourné en Côte d'Ivoire qu'en 2008 et a donné pour l'occasion un grand concert dans le stade d'Abidjan, afin de marquer la fin de ses 5 ans d'exil.
Aujourd'hui il vit entre Bamako et Abidjan, mais réside une bonne partie de l'année dans la capitale malienne. Il y donne d'ailleurs (très) régulièrement des concerts! Tellement souvent que quand nous y sommes allés il y avait à peine cent personnes pour le voir! Pour une star qui remplit des stades d'habitude, on peut dire que c'est un show privé!! Un bon moment de musique.
Une des phases marquantes du concert à été la modification de quelques couplets de son tube "Mon pays va mal".
"Le Mali va mal, le Mali va mal....avant on ne parlait pas de Nordistes ou de Sudistes, mais aujourd'hui ils ont tout gâté! L'armée est divisé! Les étudiants sont divisés! Même nos mères au marché sont divisées! [...]"
Le wax est associé à l'Afrique, c'est en effet avec ce tissu que sont confectionnés boubous et autres pagnes.
Le wax n'est pourtant pas un tissu traditionnel africain. Il a su se faire une place dans la garde robe des africain(e)s grâce à sa grande variété de motifs et à sa facilité à suivre les modes des pays.
Le wax se vend généralement par pièce de 5,50m. Imprimé des deux côtés grâce à un système de cire ils sont produits principalement en Europe et aux Etats-Unis.
"Certains récits sur l’histoire de ce tissu expliquent que ses origines sont
indonésiennes. A la fin du 19ème siècle, des colonisateurs anglais et hollandais
s’inspirent du batik javanais, qui est teint avec l’aide de cire - un procédé
permettant de mieux fixer les couleurs. Les Européens reprennent cette méthode
(d’où le nom « wax », « cire » en français) et impriment sur l’étoffe des motifs
très colorés qui séduisent les Africains.
L’idée aurait en premier lieu plu aux soldats ghanéens qui combattent pour la
force coloniale hollandaise, qui convoite Java, Bornéo et Sumatra. Des Africains
de cette même origine, qui sont postés dans ces îles pour travailler dans des
commerces hollandais, auraient aussi flairé la bonne affaire. A l’heure du
départ, ils rentrent chez eux les valises pleines du nouveau tissu. L’occasion
de constater que leur intuition était juste : les couleurs vives et les dessins
plaisent beaucoup.
Les fabricants européens exportent alors vers le Ghana, qui devient le détenteur
du marché dans tout l’Ouest de l’Afrique. « Une compagnie hollandaise qui avait
des comptoirs en Afrique a envoyé du wax au Ghana. Les gens étaient vraiment
très intéressés. Les commerçants des alentours se rendaient même à Acrra pour
s’approvisionner », explique Yao Ahiaba, directeur de CTD Togo, filiale de la
société anglaise ABC Wax.
A chaque évènement son pagne, et les wax Obama sont partout!
La fin de l’hégémonie du pays est signée par le Président Kwame N’Krumah.
« Dans les années 60, il a fait construire une usine de textile et mis en place
des droits de douanes prohibitifs pour les exportateurs de wax européens. Dans
ce contexte, ils ne pouvaient plus vendre leurs produits. Ils se sont alors
tournés vers les commerçants togolais, qui ont accepté », poursuit Yao Ahiaba.
La frénésie s’étend progressivement le long de la côte Atlantique et pénètre
en Afrique Centrale jusqu’à la République Démocratique du Congo (RDC).
Les compagnies de wax hollandaise, asiatiques ou anglaises, font une
concurrence de taille aux petites productions locales. Elles déjouent leurs
lacunes, comme la longueur des productions et leur coût élevé, en produisant
rapidement et meilleur marché grâce aux économies d’échelles. Selon So
Wax, ce marché compte une population de plus de 120 millions d’Africains,
dont les Nigérians et les Congolais constituent la grande majorité" Source Afrik.com
De mon côté je me sers du wax pour "africaniser" par petites touches mes tenues, j'aime mettre de ce tissu sur les revers de mes vêtements ou pour rapiécer un pantalon par exemple. De quoi mettre plus de couleurs dans ma garde robe!
De plus certaines nappes de la maison sont en wax et j'ai même fait recouvrir les matelas des transats! On peut tout faire, pour preuve les images ci-dessous!
La situation
au Mali ? Ce qui est fou c’est que le pays avait la réputation d’être
un des plus stables d’Afrique et sans doute le plus accueillant. Pour la
stabilité c’est raté, pour le reste…cela reste intacte.
Les problèmes principaux du Mali sont sa taille (1 341 000
km2) et sa situation géographique. Difficile de gouverner un Etat si grand sans
moyens, d’autant plus quand la moitié du territoire est un désert et qu’il n’y
a aucun accès à la mer!
Toutes les denrées ou presque viennent d’Abidjan et
de Dakar, les deux grands ports commerciaux de la région. «La Côte d'Ivoire est
le premier corridor par lequel le Mali s'approvisionne. Il contrôle, à lui tout
seul, plus de la moitié du trafic des marchandises générales et d'hydrocarbures»[1]
La conséquence directe de cet état de fait est un
prix à la consommation bien plus élevé au Mali que dans les pays limitrophes,
et une dépendance accrue à la Côte d’Ivoire et au Sénégal.
Le Mali était / est alors le terreau rêvé d’une
croissance des revendications politiques, sociales et religieuses…et de
révolutions telles qu’on a pu en voir en 2011 au Moyen Orient et au Maghreb.
1.Les Touaregs & leurs revendications
Les Touaregs sont des nomades, des
hommes libres pour qui tracer des lignes dans le sable n’a pas de sens. Ils ont
sensiblement les mêmes revendications dans tous les pays qu’ils traversent :
ils veulent pouvoir circuler librement dans le Sahara, pouvoir perpétrer leur
mode de vie et conserver leur culture.
Comme souvent
les populations nomades sont marginalisées (à l’instar des Roms en France) et
les Touaregs du Mali n’échappent pas à la règle. Cette minorité a peu – voir pas du tout
– été intégrée aux décisions politiques depuis l’indépendance du pays en
1960. « Il y a eu une première rébellion en 1960, puis en 1990. […]
Les Touaregs estiment qu’ils n’ont pas la place qui leur revient au niveau
politique et économique en terme de partage du pouvoir. Ils veulent être
considérés comme des citoyens et cette reconnaissance passe par une
décentralisation du pouvoir qui leur permettrait de gérer leurs affaires. Ils
pensent que c’est la meilleure manière de désamorcer les tensions.»[2]
Le désir de reconnaissance des Touaregs ne trouvant écho au Mali par des moyens pacifiques...ils ont pris les armes et veulent faire de Tombouctou leur capitale.
2.Tombouctou et sa région
Tombouctou est
un centre culturel majeur dans l’Islam, surnommée « la perle du désert »,
la ville fascine depuis des siècles.
Quand les
musulmans étaient astronomes, médecins, scientifiques, musiciens…les européens
vivaient alors en plein Moyen Age et n’avait rien à envier à l’Empire du Mali,
alors l’un des plus prospère du Monde.
L’empire
du Mali fut créé par Sundjata Keita en 1230. « S'étendant du fleuve Niger
à l'Atlantique, l'Empire se situe sur les territoires actuels du Mali, du
Niger, de Sénégambie, de Guinée et de Mauritanie. Grâce aux richesses en or, le
pays prospère rapidement et […] va attirer de nombreux scientifiques de tout le
monde arabe. Des universités se créent et permettent des avancées scientifiques
majeures, surtout dans les domaines de l'arithmétique et de l'astronomie.
Les villes
commerçantes de Tombouctou et Djenné, alors aux portes du Sahara, deviennent
des centres culturels connus de tout l'Ancien Monde. En outre, les commerçants
maliens exportent leurs produits le long de la Route de la Soie, en Arabie, en
Inde et jusqu'en Chine. »[3]
Dotée de la
prestigieuse université coranique de Sankoré, Tombouctou était aux XVe
et XVIe siècles une capitale intellectuelle et spirituelle et un
centre de propagation de l'islam en Afrique. Ses trois grandes mosquées
(Djingareyber, Sankoré et Sidi Yahia) témoignent de son âge d'or.
La différence notable entre le Tombouctou traditionnel et le conflit actuel, est le passage par la force d’un « conservatisme » à un « extrémisme » par des groupes armés.
L'Histoire de Tombouctou nous aide à comprendre son importance aux yeux des indépendantistes. Elle est le symbole de l'islamisation de la sous région et de l'Age d'Or arabe, ce qui en fait une capitale parfaite.
Toutefois, la rébellion des "hommes bleus" n'aurait pas pris cette ampleur sans un détonateur. Et ce détonateur est incontestablement la crise libyenne.
3.Kadhafi & le Mali
Kadhafi était
un mécène particulièrement important au Mali, et y reste très
populaire. Les sociétés libyennes ont investies des milliards dans le pays ;
MALIBYA exploite ainsi plus de 100 000 hectares de terres tandis que les
sociétés immobilières rachètent et rénovent les meilleurs hôtels de Bamako à l’instar
de l’hôtel Amitié, du Mariatou Palace ou encore du Kempinsky Palace.
La preuve de sa popularité se voit encore sur les ‘Jakarta’
ces motos bon marché qu’on voit partout dans la capitale. En effet, comme
à chaque malien sa Jakarta, il faut pouvoir la reconnaitre!! On voit donc très souvent des autocollants à l’effigie de
Kadhafi apparaitre, l’ex-dictateur est même en bonne position pour détrôner Thomas
Sankara[4] !!
Manifestation de soutien au régime de Kadhafi à Bamako
25/03/2011
Vous l’avez compris les liens entre la Libye et le
Mali sont étroits.
Tellement étroits qu'à la suite du renversement du régime de
Kadhafi, la donne à complétement changée. Le Mali perdait un partenaire essentiel de son développement et les armes des « révolutionnaires libyens » ont grassement alimenté la crise au Nord. Il ne fallait plus qu'une goutte d'eau...
4.Le vase déborde
Revendications
indépendantistes, armes, destabilisation régionale et mercenaires font rarement bon ménage.
L’armée
malienne avait déjà du mal à maitriser les tensions. Ces armes supplémentaires
n’ont fait qu’aggraver la situation et le massacre de 70 soldats le 24
janvier 2012 n’a rien arrangé. Plus tard, on apprit que les militaires en
question n’avaient pas de munitions et que les renforts qu’ils avaient appelés
ne sont jamais arrivés à destination…faute de carburant (!).
Ces morts ont
scandalisé l’opinion publique, et au lendemain du massacre, les mères des
soldats tués ont organisé une grande manifestation à Bamako dans le but de
faire réagir les politiques et d’affecter plus de moyens au règlement du 'problème du Nord'.
Amadou Toumani
Touré (ATT) ne s’est jamais vraiment impliqué dans la résolution de ce conflit
et est toujours resté passif voir laxiste. Il était difficile d’imaginer qu’il
allait changer de politique à quelques mois de la fin de son mandat.
« Laissons les problèmes aux prochains locataires du palais
présidentiel » devait-il sans doute se dire.
Les
revendications portées par les mères de famille ont trouvé échos chez les
militaires, et le 21 mars ils ont demandé à être entendu. Manque de chance, ATT
ne les a pas pris au sérieux et ne leur a pas proposé d'alternative. Le coup d’Etat à presque été improvisé, les
militaires de la base de Kati n’ont pas supporté l’affront d’ATT et ont
renversé le pouvoir…
5.La situation
actuelle
Aujourd’hui la vie à Bamako est
calme, à la différence près que la
population sort moins le soir. La rue « Bla Bla », où l’ambiance est
d’habitude des plus festives, s’est vidée et les restaurants / hôtels ferment
les uns après les autres. Etrangement il n’y a pas trop de touristes ces temps-ci
(!) et toute cette frange de l’économie s’écroule visiblement.
Les sorties sont limitées et pour cause, des militaires coupent les
routes à l’improviste à partir de 19/20h et fouillent les voitures à la
recherche de ‘dissidents’. Ces deux dernières semaines nous nous sommes faits
systématiquement arrêtés dès que nous sortions en voiture la nuit tombée, avec
au programme contrôle des papiers du véhicule et des titres de séjour. Nous n’avons
pas eu de problème ; généralement un sourire, une blague et
(accessoirement) un petit billet suffisent à calmer les ardeurs.
Toutefois nous avons eu vent de tirs sur des voitures qui ne s’étaient
pas arrêtées aux barrages, prudence donc.
Idem, des militaires sont postés
devant l’école pour protéger les enfants « au cas où ». Bon, en l’occurrence
ces hommes en Rangers sont plus là pour boire du thé, mais cela montre un vrai
changement d’état d’esprit dans la ville.
En conclusion nous pouvons dire
que nous n’avons jamais été en danger depuis le coup d’Etat, les militaires ont
des objectifs clairs et ne cherchent à arrêter que les proches de l’ancien gouvernement.
Il est cependant évident qu’ils veulent montrer au bamakois qu’ils contrôlent la
ville et que le Mali a pris un tournant…
Affiche d'un artiste anonyme présente un peu partout dans Bamako
Sources :
·Le Temps, Rubrique « L’avis de l’expert »
paru le24/04/2012- « La rébellion touareg du Mali
au-delà des clichés » par André Chappatte
[4] Thomas
Sankara a dirigé le Burkina Faso de 1983 jusqu’à son assassinat en 1987 . On l’appel de « Che »
africain puisqu’il s’est fermement opposé à l’influence occidentale et à la France-à-fric.
Il est devenu depuis une icône de la lutte contre la corruption et de la lutte
contre la pauvreté. http://www.thomassankara.net/