jeudi 28 mars 2013
mercredi 27 mars 2013
L’intervention française au Mali
22
mars 2013; anniversaire du coup d’Etat du Capitaine Sanogo…enfin si l’on peut célébrer
de tels évènements.
Déjà
un an que l’économie du pays tourne au ralenti. Déjà un an que des milliers de maliens vivent dans des camps de réfugiés au Niger, au Burkina Faso et en
Mauritanie. Déjà un an que la situation humanitaire au Nord du pays est
alarmante. Déjà un an que le Mali est au coeur de l’actualité et que les yeux
du monde oscillent entre le drame syrien et le conflit idéologique au Nord du
Mali.
Car
il s’agit bien là d’un conflit idéologique. D’un côté nous avons différentes
organisations se revendiquant de l’Islam prétendant défendre des lois divines,
et de l’autre nous avons le Gouvernement Malien et ses alliés africains et
occidentaux soucieux de limiter l’expansion de l’extrêmisme religieux et du
terrorisme en Afrique de l’Ouest (et dans le continent d’une manière
générale).
De
retour au Mali après plusieurs mois en République Centrafricaine (pays sous
extreme tension actuellement qui mériterait un peu plus d’attention médiatique)
je ne peut que constater un changement dans les rues de Bamako, visuel: la
France est élevée au rang de sauveur du pays.
En
effet, pendant mon absence la crise malienne a pris un tournant. L’intervention
militaire française enclenchée le 11 janvier 2013 et la libération rapide des villes clefs par les troupes ont rendu
la France trés populaire au Mali.
Pas
besoin d’attendre bien longtemps pour s’en appercevoir: les avions des forces
armées françaises sur le tarmac de l’aéroport international de Bamako Sénou et
la présence de blancs en short et rangers plantent de suite le décor: le
Mali est en guerre.
Et
c’est la France, Ô sauveur du peuple du pétrole et du gaz malien qui
intervient!
Une
fois dans les rues de la capitale, on est vite frappé par le nombre de drapeaux
français: sur les Sotrama (transport en commun), les boutiques, les motos, les
bâtiments, etc. Il y en a partout! On croirait une célébration du 14 juillet!
Il y
a meme des clips musicaux à la gloire de la France…ou comment l’ancien colon
autrefois rejeté devient le messi en un claquement de canon doigt:
[ Cette
intervention est pourtant d’un genre à part, puisqu’elle se caractérise par une
absence criante de couverture médiatique dans les zones de combat. Les seules images diffusées
sont celles de journalistes encadrés par l’armée française, filtrées donc (lire
à ce propos l’article de l’association SURVIE).
Cette
guerre est donc l’une des premières guerres modernes non couvertes par les
médias…pourquoi?
“Peur” des journalistes? Difficultés
d’accés? Des journalistes ont couvert tous les grands conflits – Vietnam,
Yougoslavie, Irak, Syrie, etc – pourquoi pas le Mali?
La
question reste ouverte, mais cet état de fait profite inévitablement aux armées
combatants sur place et limite les risques de scandales. Car une guerre touche
inévitablement des civils, quoi qu’on en dise. Il y a, ou aura donc, des scandales, des
bavures.
L’ONG
Amnesty International a ainsi déjà tiré
la sonnette d’alarme suite aux dérapages de certains soldats maliens,
brutalisant des civils sous prétexte de leur appartenance ethnique (touaregs).
Le risque
indéniable de ce conflit est en effet de voir des catégories entières de
population stigmatisées, les raccourcis ‘touaregs et/ou africains à peau claire
= rebelles’ sont déjà une réalité.
Eccueil
malheureux dans lequel nous tombons régulièrement suite aux chocs et conflits
ouverts[1].
Il faut des boucs émissaires, extérioriser les frustrations émotionnelles, et
il est humain de vouloir se venger.
Toutefois
il est également nécessaire que des instruments de contre-pouvoir – les medias
- soit en mesure de dénoncer de telles dérives, afin de les canaliser. ]
En
attendant, l’ambiance à Bamako reste sereine…et si nous avions des oeillères
nous pourrions à peine nous rendre compte que nous nous trouvons dans un pays
en guerre!
Le
quotidien prends le dessus, les gens vaquent à leurs occupations, les embouteillages
sont toujours là, la saison sèche nous fait transpirer et les dimanches à
Bamako sont toujours jours de mariage…
[1] Bah oui, les français se sont bien dit suite au 11
septembre que : ‘musulman = extremiste’ ou encore plus fun : ‘arabe =
musulmans terroriste’.
QUOI les conflits ethniques ne seraient pas réservés à l’Afrique ? On
m’aurait menti ?
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