Aujourd'hui nous sommes allés passer la journée au lac de Sélingué.
Ce lac artificiel de plus de 400 km2 a été créé dans les années 1980 suite à la construction d'un barrage permettant d'alimenter la sous-région en électricité.
Des villages de pécheurs se sont depuis développés autour, ainsi que des rizières et des cultures maraîchères.
On y mange d'ailleurs de délicieuses carpes et un riz aux légumes savoureux. Bonne journée donc!
Ma semaine béninoise est passée à une vitesse folle, et pour cause, je ne me suis pas ennuyée un instant!
Dès mon arrivée je me suis jetée à la découverte de Cotonou en zemidjan, les taxi moto. Cotonou s'était d'ailleurs transformée pour le semi marathon international. Fête dans la rue, ambiance de carnaval, et milliers de coureurs affrontant la chaleur et l'humidité.
J'ai ensuite passé la semaine entre Cotonou et Ouidah et ai découvert la bonne humeur béninoise, des plages paradisiaques, de bons petits plats, la culture vaudou (j'ai même porté des pythons dans un temple) et une vie nocturne pleine de surprises!
Mais puisque des photos valent plus que des mots, voici quelques clichés de mon escapade.
Visa tamponné et billet dans la poche, je pars demain découvrir le Bénin!
Des amis travaillent à Cotonou depuis quelques mois, prétexte rêvé pour voyager! A 2h de vol de Bamako, le Bénin est un pays ouest africain un peu atypique puisqu'on y trouve de fortes influences portugaises, ou plutôt brésiliennes. Le dépaysement risque d'être intéressant!
J'ai donc hâte de découvrir les béninois, l'architecture, la nourriture et les plages...et ne manquerai pas de vous faire partager mes photos!
BamaKool Jazz est un
groupe de musique métissé qui commence à se faire un nom dans la capitale. Ses membres sont originaires du Mali, du Burkina Faso, de Côte d'Ivoire, du Cameroun, du Gabon et de la France.
Leur style est un mélange
intéressant de jazz (ah bon ?), de funk, de rock et d'afrobeat. Chaque membre du collectif semble apporter sa vision de la musique
et cela passe plutôt bien ! Les chanteuses donnent le sourire et le public
ne peut réprimer un petit mouvement de tête voir de bassin quand le rythme
s’emballe !
Aujourd'hui j'ai reçu plusieurs appels de la famille, tous inquiets après avoir entendu à la télévision que "la France conseille à ses quelques 5 000 ressortissants de quitter le pays."
Ah bon?
C'est assez incohérent, hier l'ambassade nous a envoyé un message nous disant que nous pouvions vaquer normalement à nos occupations, tout en "restant vigilant". Rien d'alarmant donc. Tout va bien, et dans les rues rien ne laisse soupçonner le moindre danger.
Je pense que c'est plus une mesure de prévention qu'autre chose, et j'ai appris au Liban que les ambassades françaises avaient un peu trop tendance à en rajouter afin de se couvrir au maximum et de pouvoir dire "je vous l'avez dit" en cas de problème.
Évidemment - et comme tout le monde - nous suivons l'évolution des troupes armées au Nord du pays.
Il faut bien avoir à l'esprit que Tombouctou est à plus de 900km de Bamako et qu'il ne faut pas moins de 2 jours de route pour y accéder: il n'y a pas d'autoroute du soleil ici!
Encore une fois pas de panique, si il y a le moindre problème je saurai me mettre à l'abri (à la maison ou au cas échéant à l'étranger) avant que les touaregs débarquent tout de bleu vêtus!!
Je retrouve
Bamo, je ne l’ai pas vu depuis une semaine, et lui demande ce qu’il pense du
coup d’Etat et de Sanogo le nouveau dirigeant du pays.
Il me dit
que c’est une bonne chose et qu’il était temps que le président parte :
« On ne veut plus d’ATT, il faut que ça change »
- « Mais
Bamo, les élections sont dans un mois et le président n’est pas candidat, alors
pourquoi maintenant ? »
- « Tu
sais ce n’est pas une question d’élections, tout est cher ici, on en a
marre »
- « Et tu
crois que les militaires vont faire baisser les prix ? »
- « Oui ».
II.Rêves de
dictature (propos recueillis le 28/03/2012)
Un soir, nous
décidons d’aller boire un verre dans un café sympa près de chez nous. Habitués
de l’endroit, nous avons sympathisé avec l’un des serveurs et en profitons pour
échanger sur le récent coup d’Etat au Mali [ndlr : le coup d’Etat a eu
lieu le soir du 21 mars 2012].
Il nous dit que
l’établissement a ouvert ses portes de nouveaux il y a quelques jours seulement
et que les clients qui y logeaient sont restés coincés à regarder la chaîne de télévision
nationale durant plusieurs jours, avant de quitter le pays. Leur séjour au Mali
se sera résumé au trajet entre l’aéroport et Bamako. Dommage.
Nous lui
demandons ensuite son point de vue sur le coup d’Etat, s’il soutient l’ancien
président Amadou Toumani Touré (ATT) ou les putschistes.
Il nous dit[1] :
« ce coup d’Etat est un scandale, nous sommes un pays démocratique et je
ne comprends pas comment des militaires puissent faire ça […] mais en même
temps, tout ça c’est la faute d’ATT et de ses ministres. Comment on peut se
rendre dans le plus important camp militaire du pays[2]
pendant des émeutes, mépriser les gens qu’on a devant soi et tirer en l’air
sans raison ?
Les militaires
se révoltent car les leurs ce sont fait tuer au Nord par les Touaregs et ils estiment
qu’ils n’ont pas le soutien du Président pour combattre. En réponse ATT envoi
son ministre pour leur parler mais sans rien à leur proposer. Devant ce manque
de respect, ils ont explosés »
On lui répond qu’ATT
doit quitter le pouvoir d’ici un mois puisqu’il ne se présente pas aux
élections, et qu’il n’avait sans doute pas envie de rentrer dans une guerre. Il
doit sans doute préférer laisser son successeur régler ce problème.
Il
rétorque : « sans doute, mais tu sais les plus grands ennemis de
l’Afrique ce sont les africains[3].
Le continent est corrompu et les gens ne veulent pas travailler, on devrait
fermer toutes les mosquées et les églises et forcer les gens à se mettre au
travail »
Etonnée par les
propos de ce petit gars tout frêle et souriant, je lui réponds : « Tu
sais qu’on ne peut pas s’attaquer comme ça au lieux de cultes ? Les
maliens sont trop attachés à la pratique de l’islam pour accepter ça »
Il s’emporte
alors et me dit : « Je ne souhaite pas à l’Afrique de me voir un jour
chef d’Etat, sinon ça va chauffer. Moi ce qui m’énerve le plus c’est qu’on ne
peut même pas acheter ce qui est produit dans le pays. Je suis allé au pays
Dogon à pied pour comprendre les valeurs de l’Afrique. Rentré à Bamako ce que
je vois est différent, tout est ‘trop’, et je ne parle même pas du bazin[4].
Un bazin c’est minimum 30 000 Fcfa (45€), comment des maliens peuvent acheter
ça ? Moi je ne pourrai jamais m’en payer un, ce n’est pas sérieux, mais
non ici il y a des gens qui n’ont pas de quoi manger correctement qui s’en
achète juste pour l’apparence ! Ça veut dire quoi ? Non, moi les gens
qui en porte je ne les regarde même pas, ça m’énerve »
Le moment le
plus percutant de la conversation est pour moi lorsqu’il m’a dit qu’il
n’espérait rien pour lui et pour l’Afrique. Selon lui il n’y a aucun espoir car
les gens se sont engouffrés dans une spirale autodestructrice. Il n’y aura pas
de développement et les vies ne s’amélioreront pas, au contraire. De plus si
les occidentaux ont autant d’emprise sur l’Afrique, c’est que les africains les
laisse faire.
J’avais lu ces
propos dans le livre controversé « Négrologie ; pourquoi l’Afrique meurt »
de Stephen Smith, et les avaient trouvés horriblement racistes et défaitistes
(en l’occurrence ce livre tire les mêmes conclusions que cet ami serveur,
mais en les justifiants par des arguments sans fondements et des à priori
racistes).
Entendre cela
de la bouche d’un malien, c’est différent…et cela fait réfléchir.
[1] A noter que les propos qui vont suivre ont été
retranscrit le lendemain de la conversation, aussi les mots sont sans doute
quelques peu différents de ceux prononcés. Toutefois le sens et le contenu des
propos sont strictement similaires et respectent les opinions des personnes en
question.
[2] Camp militaire de Kati, en banlieue de Bamako, là où
les affrontements ont commencé.
[3] Citation d’une chanson célèbre d’Alpha Blondy
(chanteur de reggae ivoirien).
[4] Le bazin est un tissu de luxe importé le plus souvent
d’Allemagne et teint au Mali. Le Mali a un savoir-faire inégalé dans la région
en ce qui concerne la teinture de ce tissu.